Comme la semaine précédente, la structure des courbes est restée inchangée, avec des rendements globalement stables d'une semaine à l'autre. Seule exception, la courbe allemande, où l'ensemble des rendements a progressé, avec un léger bonus sur le 2 ans.
Dans le cas où les négociations de paix en Ukraine progresseraient, les États-Unis refusant de participer à la reconstruction, comme le suggèrent des responsables américains, l’UE devrait supporter seule le coût énorme de son financement, ce qui compliquerait la mobilisation des ressources nécessaires. Les tensions budgétaires et les divergences entre États membres pourraient s’en trouver exacerbées. Dans le même temps, la nécessité de renforcer les capacités militaires européennes en réponse aux risques géopolitiques ajouterait une pression supplémentaire sur les finances publiques. Pour éviter la fragmentation des marchés obligataires, l’UE devrait recourir à un mix de dette mutualisée et de mobilisation de fonds spécifiques.
Outre le recours aux avoirs russes gelés, les appels à des investissements directs en provenance de Chine ou du Moyen-Orient pour financer la reconstruction de l’Ukraine pourraient soulever des enjeux géopolitiques et stratégiques majeurs. Une telle implication pourrait conduire à une dépendance économique, réduisant ainsi l’autonomie de l’UE ou de l’Ukraine dans leurs prises de décision, notamment en matière de politique étrangère et de sécurité. Pour contourner ces risques, l’UE, en partenariat avec l’Ukraine, pourrait opter pour la création d’un fonds européen dédié, qui canaliserait ces investissements dans un cadre structuré. Ce fonds, garanti par l'UE, pourrait lever de la dette mutualisée, émettant des obligations à long terme dont les retours seraient utilisés pour financer la reconstruction, tout en minimisant les effets sur les budgets nationaux et en évitant l'augmentation de celui de l'Union.
Parallèlement, pour renforcer l'attractivité de ce fonds et encourager une large participation, l’UE pourrait inclure un mécanisme incitatif afin d’attirer l’épargne des Européens. En offrant des avantages fiscaux, tels que des réductions d’impôts ou des exonérations sur les intérêts perçus par les citoyens européens, il serait possible de mobiliser une part significative des économies privées, sans augmenter directement les budgets nationaux.
Enfin, il faut exclure toute intervention de la BCE via un QE pour maîtriser les tensions sur les taux, car cela risquerait de compromettre son mandat anti-inflation, compliquant ainsi l’arbitrage entre stabilité financière et soutien budgétaire. Ce qui est certain, c'est que la façon dont l’UE gérera ce financement déterminera sa cohésion économique, sa capacité à répondre aux enjeux de sécurité et, surtout sa crédibilité.
Le spread européen des maturités de 10 ans par rapport au 10 ans allemand s'est stabilisé pour l'Italie et est en baisse contre la France, avec un objectif à 59 bps. Seul celui contre l'Espagne a connu un pic en fin de semaine
Cette semaine, la volatilité (HV) du marché obligataire européen est restée inférieure à celle du marché américain. Parmi les maturités, la volatilité des obligations italiennes a enregistré la plus forte progression, avec un bonus marqué sur le 2 ans. Dans l'ensemble, la volatilité (HV) long terme des marchés obligataires européens poursuit sa tendance baissière, tandis que la volatilité (HV) court terme suit la même dynamique mais tend à se stabiliser, notamment pour la France et, dans une moindre mesure l'Italie.
Par ailleurs, la volatilité du marché français a de nouveau progressé par rapport au marché allemand, tandis que la volatilité italienne s'est stabilisée face à l'allemand.
A ce jour, Les contrats à terme Euribor et €STR anticipent une baisse de taux d’environ 25 points de base pour la réunion de mars, cela s'inscrit dans une anticipation totale d'une baisse cumulée de 75 points de base d'ici fin décembre 2025.
Vous trouverez le détail des différents composants des obligations européennes ci-dessous et plus dans la section Taux d’intérêt.